http://www.actualitte.com/critiques-bd/harpignies-dans-l-atelier-du-faussaire-entre-toiles-et-mysteres-2322.htm
Harpignies (Paquet) de François Darnaudet et Elric est un joli hommage à la peinture, à la jeunesse et à l'amour. Un hommage qui emprunte une forme inédite, entre le biopic et la semi-fiction !
Le biopic, c'est celui d'Henri Harpignies, paysagiste de l'école de Barbizon célèbre à son époque, mais bien oublié aujourd'hui. La semi-fiction nous raconte un épisode récent de la vie d'Elric Dufau-Harpignies, scénariste de cet album, et arrière-arrière-arrière (ouf !!!) - petit-neveu d'Henri.
Rebaptisé Éric dans l'album, nous le voyons se rendre à Perpignan afin d'assister à la crémation de sa grand-mère. Il peut ainsi revoir ses parents, qui lui apprennent la vente récente pour cause de soucis financiers du seul tableau de son ancêtre jusque-là propriété de sa famille. Le jeune homme peut malgré tout récupérer un carnet de croquis rassemblant des caricatures, un aspect du travail d'Henri Harpignies qui intrigue Éric, jusque-là plutôt sévère pour ce peintre paysagiste qu'il juge académique, pour le peu qu'il connaît de lui.
Le récit de sa vie, et plus particulièrement de ses années de formation lui plaît beaucoup, car Henri est aussi à l'aise un violoncelle entre les mains qu'un pinceau au bout des doigts, comme Éric avec sa guitare et son crayon. Le TGV qui le ramène à Paris tombant en panne dans la gare de Montpellier, Éric se rend au musée Fabre pour tuer le temps, et qui sait, y trouver une toile d'Harpignies.
Par chance, il y en a plusieurs, et devant l'une d'elles, une délicieuse jeune fille occupée à la recopier pour sa thèse sur l'école de Barbizon. Fort de ses liens familiaux avec le peintre et armé de son carnet d'originaux, Éric séduit la jolie Marie qui le rejoint la semaine suivante à Paris. Entre une visite au musée d'Orsay et un peu de farniente dans le jardin des Tuileries, une idylle se noue.
Mais vivre d'art, d'amour et d'eau fraîche, c'est un peu frustrant. Alors, Marie a une idée : Éric s'est pris de passion pour les toiles de son ancêtre, et réussit désormais à peindre selon son style. Formée à la restauration des tableaux, sa jeune compagne peut leur donner la patine de l'ancien. Pourquoi dès lors ne pas réaliser des faux Harpignies et les vendre à la cote ? Un jeu dangereux et tentant...
Harpignies est un album très séduisant, dont la narration fonctionne parfaitement. En parallèle d'une histoire d'amour contemporaine, simple et rafraîchissante, on replonge dans le passé en égrenant quelques moments déterminants de la vie d'Henri Harpignies.
Instrumentiste doué, il s'oriente malgré tout vers la peinture en entrant dans l'atelier de Jean Achard. Son séjour en Italie lui permet de fixer les grandes lignes de son art. Travailleur acharné, il forme de nombreux élèves et meurt quasi centenaire. Un parcours marqué par l'idéalisme, un parcours bien différent en l'occurrence de celui d'Éric.
Et pourtant, les deux hommes ont quelque chose en commun : également doués pour la musique et la peinture, ce sont avant tout des créateurs, qui ont besoin d'un évènement décisif dans leur vie pour choisir l'une ou l'autre de ces disciplines.
Pour Henri, la découverte des paysages italiens, et pour Éric, sa rencontre avec Marie. Au fil de dialogues pleins d'humour - le héros adore les jeux de mots un peu foireux ! - mais également de naturel, cet album nous tient sous son charme.
Le dessin peut sembler un peu limité quant aux décors ou aux expressions des visages, mais c'est être sévère que dire cela, car on ne se pose jamais ces questions pendant la lecture.
Et les couleurs sont pleines de douceur !!!
Voir quelques planches de la BD à
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