Jean ESTAQUE
A l’occasion du 100ème anniversaire de la mort d’Octave MIRBEAU, Jean ESTAQUE lui rend hommage en mettant en correspondance des textes, des illustrations de journaux d’époque, des œuvres des artistes soutenu par l’auteur et des travaux de Jean ESTAQUE mettant en valeur des textes significatifs de l’auteur.
Exposition du 17 février au 21 mai 2018
Vernissage le 17 février à partir de 10 h 30
Galerie ECRITURES
1, rue Pierre Petit 03100 MONTLUCON
de 15 h à 18 h du mardi au samedi et sur RDV
Hommage à
OCTAVE MIRBEAU
Octave Mirbeau, né le 16 février 1848 à Trévières (Calvados) et mort le 16 février 1917 à Paris, est un écrivain, critique d’art et journaliste français. Il connut une célébrité européenne et de grands succès populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques, ce qui n’est pas commun.
Journaliste influent et fort bien rémunéré, critique d’art défenseur des avant-gardes, pamphlétaire redouté, Octave Mirbeau est aussi un romancier novateur, qui a contribué à l’évolution du genre romanesque, et un dramaturge, à la fois classique et moderne, qui a triomphé sur toutes les grandes scènes du monde. Mais, après sa mort, il traverse pendant un demi-siècle une période de purgatoire : il est visiblement trop dérangeant pour la classe dirigeante, tant sur le plan littéraire et esthétique que sur le plan politique et social.
Littérairement incorrect, il est inclassable, il fait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étend à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles ; également politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire, il incarne une figure d’intellectuel critique, potentiellement subversif et « irrécupérable », selon l’expression de Jean-Paul Sartre dans
Les Mains sales.
Parallèlement, en tant que critique d’art influent et doté d’une espèce de prescience, il pourfend l’art académique des Édouard Detaille, Jean-Louis-Ernest Meissonier, Alexandre Cabanel et William Bouguereau, il tourne en ridicule le système des Salons, ces « bazars à treize sous », ces « grandes foires aux médiocrités grouillantes et décorées », et il bataille pour les grands artistes novateurs, longtemps moqués et méconnus, parce que les sociétés, selon lui, ne sauraient tolérer le génie : « Tout l’effort des collectivités tend à faire disparaître de l’humanité l’homme de génie, parce qu’elles ne permettent pas qu’un homme puisse dépasser de la tête un autre homme, et qu’elles ont décidé que toute supériorité, dans n’importe quel ordre, est, sinon un crime, du moins une monstruosité, quelque chose d’absolument anti-social, un ferment d’anarchie. Honte et mort à celui dont la taille est trop haute ! »
Mirbeau se fait donc le chantre attitré d’Auguste Rodin, de Claude Monet et de Camille Pissarro ; il est l’admirateur de Paul Cézanne, d’Edgar Degas et d’Auguste Renoir, le défenseur d’Eugène Carrière, de Paul Gauguin — qui, grâce à ses articles élogieux, en février 1891, peut payer son voyage à Tahiti —, de Félix Vallotton, d’Édouard Vuillard et de Pierre Bonnard, le découvreur de Maxime Maufra, de Constantin Meunier, de Vincent van Gogh, de Camille Claudel, dont il proclame à trois reprises le « génie », d’Aristide Maillol et de Maurice Utrillo. Ses articles sur l’art ont été recueillis dans les deux gros volumes de ses
Combats esthétiques, parus à la Librairie Séguier en 1993.
Ardent défenseur et collectionneur de l’art de son temps
« […] comme il sut choisir toujours les pièces les plus franches, les plus aiguës, les plus révélatrices, nul ensemble réuni par aucun amateur n’a encore offert une image aussi caractéristique de l’effort contemporain. » (préface anonyme du catalogue de la vente de sa collection).
Afin de pouvoir transformer la villa de Triel-sur-Seine en un lieu de villégiature pour les littérateurs et artistes « maltraités par le sort », sa veuve dut vendre cette importante collection de
Tableaux, aquarelles, pastels et dessins, par Paul Cézanne (13 œuvres, dont deux autoportraits), Bonnard, Cross, Daumier, Paul Gauguin, Vincent van Gogh (2 œuvres, dont
Le Père Tanguy, 1887), Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Renoir, Rodin (23 dessins), K.-V. Roussel, Seurat, Signac, Utrillo, Félix Vallotton (
M. Thadée Natanson, 1897), Valtat, Vuillard, et des sculptures par Camille Claudel (un plâtre), Aristide Maillol (10 plâtres, terres cuites, bois et bronzes) et Rodin (11 plâtres, marbres et bronzes, dont le buste de Victor Hugo et celui de l’écrivain, qui peut être celui reproduit plus bas), fut mise aux enchères publiques, le 24 février 1919, à la galerie Durand-Ruel, 16, rue Laffitte, à Paris.
Mirbeau n’a jamais été oublié et n’a jamais cessé d’être publié, mais on l’a souvent mal lu, à travers de trompeuses grilles de lecture (par exemple, nombre de critiques et d’historiens de la littérature l’ont embrigadé bien malgré lui parmi les
naturalistes), ou bien on a voulu voir dans plusieurs de ses romans des œuvres érotiques, comme en témoignent nombre de couvertures de ses innombrables traductions. On a aussi eu fâcheusement tendance à réduire son immense production aux trois titres les plus emblématiques de son œuvre littéraire.
Politiquement incorrect, socialement irrécupérable et littérairement inclassable, il a traversé, après sa mort, une longue période d’incompréhension de la part des auteurs de manuels et d’histoires littéraires ; et le faux « Testament politique », rédigé par
Gustave Hervé et publié cinq jours après sa mort par sa veuve abusive,
Alice Regnault, a contribué à brouiller durablement son image.
Fondée à Angers le 28 novembre 1993 et présidée par
Pierre Michel, professeur agrégé et docteur-ès-lettres, biographe et éditeur de Mirbeau, la Société Octave Mirbeau a pour objectif de contribuer à la connaissance de la vie, des combats et de l’œuvre du grand écrivain normand par tous les moyens à sa disposition. Heureusement, depuis vingt ans, grâce au développement des études mirbelliennes et de (parution de sa biographie, nombreuses découvertes de textes insoupçonnés, publication de très nombreux inédits, fondation de la Société Octave Mirbeau, création des
Cahiers Octave Mirbeau, organisation de nombreux colloques internationaux et interdisciplinaires (sept entre 1991 et 2007), constitution d’un Fonds Octave Mirbeau à la Bibliothèque Universitaire d’
Angers, ouverture de deux
sites web consacrés à Mirbeau, mise en ligne de la plus grande partie de ses écrits), on le découvre sous un jour nouveau, on le lit sans idées préconçues ni étiquettes réductrices, on publie la totalité de son œuvre, dont des pans entiers étaient méconnus ou ignorés, voire totalement insoupçonnés (ses romans écrits comme nègre, par exemple), et on commence tardivement à prendre la mesure de son tempérament d’exception, de son originalité d’écrivain et du rôle éminent qu’il a joué sur la scène politique, littéraire et artistique de la
Belle Époque, ainsi que dans l’évolution des genres littéraires.
À voir :
http://www.mirbeau.org/liens.html
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