scénariste
©Paquet édition 2014
Harpignies
Un jeune artiste s’intéresse à la technique de son ancêtre, le peintre Harpignies, puis tombe amoureux et devient faussaire. Un biopic-hommage étonnant de fraîcheur et de modernité…
L'histoire : Eric Harpignies, jeune dessinateur, s’apprête à aller à la cérémonie crématoire de sa grand-mère, à Perpignan. L’occasion pour lui de revoir sa famille, ses parents et d’apprendre que leurs problèmes d’argent les ont obligés à vendre la dernière toile peinte par son ancêtre. Henri Harpignies était en effet l’un des maîtres oubliés de la peinture paysagiste de « l’école de Barbizon ». Eric récupère toutefois une relique, un carnet de croquis, qui l’incite à s’intéresser à la vie et aux techniques de cet ancêtre. En 1846, Henri avait plusieurs cordes à son arc d’artiste, aussi doué pour la peinture que pour le violoncelle. A cette époque, il était alors accueilli dans l’atelier parisien de celui qui allait devenir son maître, Jean Achard. Eric découvre cette biographie dans le TGV qui le ramène vers Paris… et qui se retrouve bloqué en panne en gare de Montpellier. Le jeune homme en profite pour visiter le musée Fabre, où il espère dénicher des toiles de son ancêtre. Il y trouve bien plus que ça : une jeune fille, dont les cheveux sentent bon le shampoing, est occupée à recopier une des toiles, car elle fait une thèse sur cette « école ». Eric engage la conversation et se présente comme un descendant du peintre. La jeune femme l’invite à voire un verre, puis… à aller en boîte. Eric tombe amoureux et l’invite à Paris la semaine suivante. Au programme : musée d’Orsay, découverte réciproque et premier baiser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD : Avez-vous déjà entendu parler d’Henri Harpignies ? Il y a des chances que non… Cet artiste-peintre, mort presque centenaire en 1916, était pourtant l’un des meilleurs représentants d’un groupe de paysagistes du XIXème, dont la technique et la notoriété sont aujourd’hui désuètes : l’école de Barbizon. Avec l’aide de François Darnaudet au scénario, son arrière-petit-neveu Elric lui rend aujourd’hui un hommage subtil, tempéré et sans prétention, avec ce one-shot didactique et léger à la fois – qui ressuscite en prime la collection Blandice de Paquet. Pour direction narrative, le récit alterne régulièrement deux contextes : d’un côté, il retrace les grandes étapes de la vie du peintre, sous une forme classique et contemplative de biopic. D’un autre, il allège considérablement ce que la forme biographique stricte aurait de rébarbatif, en alternant ces séquences avec sa propre existence fantasmée d’artiste, à notre époque contemporaine. Rebaptisé Eric, Elric s’y trouve une amoureuse, s’essaie avec scrupules à la contrefaçon des œuvres de son grand-oncle et avec plus de réussite à la musique. Surtout, les répliques de ces phases s’accompagnent d’une belle lucidité et de beaucoup d’humour. Le dessin, auquel on peut reprocher parfois le peu de décors – un aspect paradoxal pour une œuvre qui s’intéresse à la peinture paysagiste ! – et un panel limité d’expressions faciales, se montre donc simple mais efficace sur le plan de l’immersion. Son découpage s’inscrit au sein d’un gaufrier de 12 cases par planche, dont les cellules fusionnent parfois au gré des besoins de mise en scène. Une belle surprise !