Un nouveau livre de Jérôme Pintoux:
Ferry, Eno, Roxy Le Rock BCBG
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Présentation de l'éditeur:
Roxy Music, ce n'était pas
un groupe lambda. Ces musiciens faisaient un rock glamour, à la fois
progressif et rétro, futuriste, passéiste, ironique, distant,
dérangeant. On les écoutait, intrigués. On perdait vite ses repères. Ces
Anglais avaient un look pas possible, comme des rockers fifties
échappés du futur. Les lunettes de mouches mortes de Phil Manzanera, les
fourrures « mère-grand » de Brian Eno, c'était décadent. Au milieu de
tant de disques fanés, qui rappellent à quel point les seventies furent
parfois décevantes, Roxy Music brille encore. Bryan Ferry au chant, Andy
Mackay au saxophone, Phil Mazanera à la guitare, Paul Thompson à la
batterie, Brian Eno au synthé... Eno ne restera pas longtemps au sein du
groupe. Il préférera tenter l'aventure en solo. Il sera l'un des
pionniers de l' « ambient music » et un producteur recherché. Nous avons
tenté d'esquisser des vies parallèles de Brian Ferry, rocker BCBG, et
de Brian Eno, pionnier de l'électronique. Comment Roxy Music a-t-il été
perçu à l'époque ? On ne savait pas trop si c'était de l'art ou du
cochon. En 1973, on les considérait un peu comme le groupe à la mode,
mais moins intéressant que David Bowie, moins mélodique. On croyait
avoir affaire à un feu de paille. Ce ne fut pas le cas. Bryan Ferry a
poursuivi une carrière solo, avec le succès que l'on sait. On l'a pris
pour un mondain, c'est avant tout un cinéphile. Il a hanté les années
30, le répertoire de Cole Porter. Il a même repris du Dylan. L'étiquette
« rock BCBG » est un peu ironique. Pourtant elle semble moins
péjorative que celle de « rock FM », qui désigne un rock formaté pour
les radios américaines, un rock commercial et souvent insipide. Le rock
BCBG, c'est une esthétique - un rock raffiné, sans être du rock prog.
Sorti en mai 1982, l'album Avalon, par exemple, n'est ni new wave ni
after punk. C'est plutôt un album anti-punk, mais sans agressivité
aucune, sans déclaration de guerre. Pas du rock engagé. Plutôt du rock
dégagé. Des airs qui se perdent dans les brumes, vers l'île des fées.
Bryan Ferry a dû détester le punk qui lui avait coupé les ailes en 1977,
l'avait terriblement ringardisé et réduit à l'image de crooner rétro.
Il a attendu son heure, sinon sa revanche. Cinq ans après les Sex
Pistols et les Clash, Roxy Music publie Avalon. C'est au tour des punks
de se sentir relégués, de voir leur image ternie.