Jusqu’au 14 septembre, la galerie ECRITURES a accroché
sur ses cimaises les œuvres des peintres en permanence dans la galerie : CINQUIN,
Roland COGNET, Bruno DANJOUX, José DUBOIS, ESTAQUE, FISSORE, GUERRERO, Pierre
LAFOUCRIERE, Guy MADEVERY, Pierre MARCHAND, Claire MOREAU, Rémy
PASTOR
CINQUIN
Jacques Cinquin, né le 1er octobre 1942 à Paris. Diplômé
de l'école nationale supérieure des arts appliqués de Paris(1964). Créateur de
tapis chez France tapis-Paris, puis maquettiste chez Métro Bus Publicité-Paris.
Passionné par la tapisserie, Cinquin effectue ses premiers voyages à Aubusson en
faisant un stage à l'école nationale d'art décoratif, dirigée par Michel
Tourlière.
Il rencontre le peintre Françoise Lardeau qu'il épouse en
1967. En 1968 et 1969 aux Etats-Unis (New York) Cinquin collabore avec des
peintres américains à la mise au point d'une trentaine de tapisseries
monumentales. Retour à Aubusson en 1970 où il s'installe définitivement. II
devient professeur à l'école nationale d'art décoratif où il dirige l'atelier
d'art mural. A partir de ce moment, il participe avec Françoise Lardeau-Cinquin
à toutes les recherches concernant la tapisserie. Passionné de cirque, il
devient un fidèle du festival international du cirque de Monte-Carlo dont il
s'inspire depuis 1981 pour ses nombreux dessins, peintures et tapisseries, sur
ce monde qu'il affectionne particulièrement...et qui le lui rend
bien.
Roland COGNET
Roland COGNET vit en Auvergne, au pied de la chaîne des
Puys, et enseigne à l’école supérieure d’art de Clermont Métropole. Au début des
années 1980, l’artiste formule un enjeu, catalyser dans un même corps sculptural
les quatre essences fondamentales : le minéral, le végétal, l’animal et
l’humain. Il y parvient avec la savante complicité de ses mains, et si l’oeuvre
au cours de son trajet s’ouvre à de nouveaux registres, sa feuille de route ne
changera pas. L’artiste se positionne dans une filiation historique à la
sculpture concrète américaine et française : Mark Di Suvero, Tony Grand, Robert
Morris, Bruce Nauman, Martin Puryear ; et tient en affection des personnalités
tels Michael Fried ou Etienne Martin,qu’il a bien connus. En 1992, le FRAC
Auvergne fait l’acquisition de deux sculptures, puis d’une troisième en 2002. En
1995, Dominique Marchès organise une exposition personnelle de l'artiste au
centre d’art contemporain de Vassivière en Limousin où il produira la sculpture
« Moulage » dans le Parc de sculptures. En 2003, Anthony Caro l’invite au
Triangle Artists’Workshop et il réalise un ensemble de travaux à Pine Plains, à
New York. Par la suite, la collection Philip I. Bermen à Philadelphie acquiert
quatre œuvres d’importance. En 2004 le musée d’art Roger Quilliot à
Clermont-Ferrand lui consacre une exposition.
La technique employée comme pensée
déployée
Une matière temps à
sculpter
Il y a bien du cogito dans la technique gestuelle, une
révélation ressentie par Roland Cognet encore enfant dans l’atelier paternel :
la technique employée est une pensée déployée. Ce leitmotiv, appliqué à des
résultats formels, à bien y regarder oriente un axe exigeant de la sculpture
contemporaine. L’oeuvre poursuit une ambition qui n’a rien de simple et qui
oblige à ruser, tel un animal s’engageant sur des rondins de bois : s’affronter
directement, audacieusement, autant à la création magistrale de la nature qu’à
la nature de matériaux constituant le temps, matière insculptable qui trouve
ainsi condition à être sculptée dans la matière temps. Ce seront des troncs
d’arbres imposants, équarris ou entiers, des blocs monolithiques, des blocs
hybrides, des matières chaudes et ligneuses de chênaie, de frênaie, de pinède ou
de sapinière, la pierre volcanique de la région, le granit dur et froid de tous
les pays, le métal d’acier sévère, l’inox, le zinc, le bronze, le plomb. Chaque
pièce, chaque série innove dans sa méthode de travail, associant s’il le faut
des modelages de matières indurées : ciment, plâtre, résine. La sculpture
s’affirme alors posturale, fortifiant l’espace intérieur, se mesurant au
paysage, indexant ses valeurs ou le glorifiant. Et si la chose est périssable
comme le bois, l’artiste s’adresse à elle par le verbe du geste : caparaçonner,
protéger, mouler, soutenir, peindre, prolonger, creuser, soigner, et cautériser
même.
Et si le défi semble impossible à relever, un portique
tuteur va tirer la masse vers le haut.
Bruno DANJOUX
Cet
artiste originaire des Cévennes tente au cours de ses expériences de réaliser la
synthèse que l’on croyait impossible entre les arts dynamiques et les arts
plastiques : la peinture et la danse. On ne peut dire, tant les deux
s’interpénètrent dans la recherche de Danjoux, s’il s’agit de peindre la danse
ou de danser la peinture. Sous une apparente diversité, c’est un projet
extrêmement cohérent qui conduit sa recherche. Travaillant sur le livre
Les Montagnes du soir, de Lionel Bourg, il arpente les paysages
des Cévennes et tente de transcrire sous forme de petits tableaux les
impressions qu’il en retire, puis il fait traduire le livre en braille et
propose à des non voyants des lectures à voix basse pendant lesquelles il
improvise une chorégraphie. Il créera ainsi la Nuit des corps, une chorégraphie
pour quatre malvoyances.
José DUBOIS
Né en 1970 José Dubois est diplômé des Arts Appliqués
d'Yzeure et des Beaux Arts de Bourges. José Dubois vit et travaille à Bourges.
Il a déjà exposé dans des lieux prestigieux en France, on trouve ses oeuvres
dans certaines collections publiques. José DUBOIS expose et
peint depuis 1986.
ESTAQUE
Né le 3 janvier 1945 à Saint Girons (Ariège). Peintre et
sculpteur français autodidacte. Travaille en Creuse. Débute la sculpture à la
fin des années 60 par un travail fortement imprégné de l’Art roman. Très vite il
s’oriente vers la sculpture polychrome.
Son inspiration est alors riche et variée :
- Scènes de la vie quotidienne
- Allégories poétiques
- Dédoublement de la personnalité par l’alternance des
bouches et des yeux.
- Reliquaires.
- Bois assemblés
- Sculptures jeux...
Son oeuvre
sculptée est indissociable de ses recherches graphiques. Dessins, peintures,
gravures et papiers découpés ou déchirés permettent à son imaginaire une grande
liberté de création sans pour autant perdre de sa puissance évocatrice.
Sa démarche est basée sur la créativité, la
recherche et l’expérimentation. Son travail se présente sous la forme de
reliefs, bas-reliefs, sculptures. Ses matériaux de prédilection sont le bois, le
carton, la pierre.
Le contenu est un retour aux choses simples,
faussement naïves ou primaires, sa technique puise ses sources avec
application vers la gestuelle de l’artisan, de l’ouvrier qui taille, découpe,
sculpte et assemble.
Sa démarche intellectuelle, dirigée par une
approche dictée par la forme où la chromatique, amène la réflexion vers des
éléments essentiels de notre vie, de notre culture, de notre civilisation. Elle
est établie par cycles thématiques ou concepts, elle aborde aussi bien
l’actualité, la pensée, l’engagement individuel que la poésie et les références
à l’histoire, à l’art, à ses techniques de base, à son devenir.
Inclassable parce que instable dans sa création
continuellement renouvelée depuis qu’il a touché au crayon, noir, à papier, de
couleurs, à la plume, à l’encre, au pinceau, à la peinture, aux ciseaux à
papier, au papier, au carton, à l’eau, au vin, au vinyle, au bois, au charbon,
au bois, coupé des lauriers, déchiré des papiers, du tissu, tranché du bois,
arraché les racines, taillé des copeaux, au ciseau, au fermoir, à la gouge, à la
hache, avec les dents. Avec et sans gants, à la pointe et au marteau, ficelé les
deux bouts, collé, plié, déchiré, gravé, encré, tiré, retiré, pressé, pas encré,
relié, recouvert, découvert, aligné, trié des galets, rangé, posé, scellé,
cimenté, c’est assez énuméré pour aujourd’hui
FISSORE
Le peintre de la douceur en couleurs.
Comment mettre des mots sur l’œuvre de Philippe Fissore
sans parler de soi quand l’artiste se met à nu, sans se dévêtir pudiquement
quand l’artiste enveloppe le contemplateur d’un trait si sensuel? Edward Hopper
me susurre que "Si on pouvait le dire avec des mots, il n'y aurait aucune raison
de le peindre", il détient sans aucun doute une des nuances de la palette
oxymorique de Philippe. Je poursuis pourtant mon questionnement tout en
pressentant que si les traits du Maître de la douceur en couleurs m’emmènent
lentement sur les lignes courbes du pourquoi, il n’y aura pas de parce que… Les
tableaux de Philippe me parlent de moi tout en me conduisant à l’oubli de
moi-même, ses femmes portent parfois des masques et font tomber les miens, il
m’ouvre sur mon paysage intérieur…je crois comprendre puis le sens
m’échappe.
Je m’assois, pour faire une pause dans un monde qui va
trop vite, entourée de son œuvre prolifique, je me coupe du monde pour mieux me
retrouver. Je me laisse happer par le mouvement de son pinceau, je suis dans le
tableau, ravie au sens littéral. Je suis la femme sphinge qui dandine ses
leurres sans malice aucune, qui les offre aux spectateurs car dans l’acte de
donner, il y a toujours celui de recevoir. Je suis Danaé, je suis Odalisque, je
suis chat, je suis comédienne, je suis mère, amante, maîtresse conquise qui
n’offre plus l’intérêt des jeux de l’amour et de la séduction. J’abdique, puis,
je refais mon apparition, lorsqu’on m’attend le moins, pour murmurer aux
amoureux d’Art que je n’ai pas livré tous mes joyaux cachés et que je peux
encore leur en conter. Je deviens femme, pur corps, pur esprit. Je deviens la
peinture du peintre, protéiforme, cercle et cube à la fois. Je deviens femme
paysage, déconstruite pas le kaléidoscope de la subjectivité de l’artiste et
réunifiée par ses retouches multiples, toutes mes facettes ont été adoucies par
son pinceau amoureux. Je vous offre mes formes, dévoile mon mont Vénus, mes
seins sont les sommets bombés des montagnes émoussées, des volcans convexes, je
pars en voyage, mais je reviens toujours, je suis le cercle de l’Eternel Retour,
j’oublie le temps qui devient rond et l’espace qui devient courbe. Mais je suis
aussi pied, celui qui m’élève et m’ancre dans la réalité. Je suis le regard
poignant de l’Elégante, incomprise puis rassurée car l’œil du peintre a bien
capté le contraste entre ma réserve et ma séduction. Je me reconnais à travers
lui : il m’a révélé une partie de moi que j’ignorais. J’ai l’étrange sentiment
d’avoir assis ma solitude à côté de celle du peintre qui a patiemment rassemblé
mon être éclaté. Je me sens apaisée, singulière et universelle, une femme qui a
un corps, une femme qui pense aussi. La peinture de Philippe Fissore parle des
femmes…aux Hommes, elle est une médiatrice, elle m’offre « quelque chose de
simple, quelque chose de beau, quelque chose d’utile » comme l’écrit si bien
Prévert…, elle répond à mes rêves. La boucle est bouclée, la peinture de
Philippe ne s’explique pas, elle se ressent, elle se rêve… Texte de Catherine
Faure.
GUERRERO
Il
a choisi pour nom d'artiste la région où il est né au Mexique mais où il n'a pas
vécu. Adopté à l'âge de trois mois, Vincent Lorin, 19 ans, étudie les Beaux-Arts
à Dijon. Chez lui, la question des origines se résout dans la peinture.
« J'écris le tableau », par Guerrero. « Le dessin,
pour moi, est devenu rapidement une évidence. Un besoin d'expression. Peut être
sous estimé trop longtemps. Sous estimé la capacité d'expression et d'intimité
qu'il pouvait avoir. Sous estimé peut être aussi comme médium de communication
vers le monde extérieur. La peinture m'avait relativement laissé indifférent.
Sûrement à cause de mauvais souvenirs à l'école primaire. Puis un jour, une
curiosité qui se fait ressentir. A la suite d'une exposition de peinture dans un
centre d'art contemporain, les couleurs appliquées de manières intrigantes sur
les toiles m'étonnent. La peinture prend une autre dimension. Ce n'est pas une
simple histoire de rouge ou de bleu et de vert, mais d'intensité. L'âme de la
création est bien présente. Pas forcément de manière implicite (heureusement).
Elle imprègne et contrôle la surface qui la soutient mais aussi le spectateur.
Je suis pris dans un filet. Suis-je ensorcelé ? Ce n'est pas non plus une
question de beauté ni de laideur. C'est de l'émerveillement. Je suis émerveillé
en permanence. »
Pierre LAFOUCRIERE
Né en 1927 à Louroux-de-Bouble (03), Pierre Lafoucrière
vit et travaille à Meudon et dans l’Allier. Parti de la figuration, son
itinéraire l’a mené d’une peinture aux couleurs fortes et riches à une vision
transcendée de la nature, à la fois raffinée et plus écrite. Deux rencontres ont
profondément marqué sa vie de peintre : Paul Gay dans les années 50, Nane Stern
en 1974.
A partir de 1953, ses oeuvres sont montrées en France et à
l’étranger : Allemagne, Algérie, Canada, Danemark, Indonésie, Israël, Japon,
Maroc, Nouvelle-Zélande, Suède, Suisse…
L’oeuvre de Pierre Lafoucrière dont la peinture heureuse
puise ses arguments dans la lumière et les débats de la couleur, le prouve à
l’envi.
On pourrait, à bon droit, parler d’abstraction lyrique à
son propos. Ce serait trop vite dit. On devine en effet dans ses compositions
alertes une telle gourmandise de la matière, fût-elle de l’énigme et de
l’émotion, c’est-à-dire d’un second degré du réel, qu’elles n’ont pu naître, on
le sent bien, que d’un commerce amoureux avec le concret du monde. Lumière,
mouvement, couleurs - or et bleu surtout - sont les instruments primordiaux
d’une quête spirituelle qui scrute les formes et leurs mystères à l’état
naissant. Perpétuelle genèse, oui, que ces ruptures et déploiements tracés sur
la toile ou plutôt captés dans la transparence. Il y a là une telle légèreté du
geste alliée à une si juste maîtrise - celle du maître-verrier - qu’on reste
confondu, comme devant un ciel de Turner, face à l’apparition des secrètes
nuances de la vie. Familier de l’oeuvre des poètes que souvent il accompagne et
enlumine, animé comme eux de la fiévreuse quête qui tente l’incertain et
l’indistinct, ce peintre-ci est naturellement tout appliqué aux rythmes, aux
assonances, aux variations mélodiques. On dirait toujours qu’apparaît sous nos
yeux la matière claire et fragile d’un poème.
Depuis quelques années, Lafoucrière paraît être entré
dans une perspective poétique dictée par une appréhension moins baroque, à la
fois plus raffinée et plus écrite, de l’espace et du signe vital. Cette vision
transcendée de la nature doit à la lumière une part de sa très attachante
qualité. Parallèlement à la peinture, il se consacre à des réalisations murales
dans le domaine de l’art sacré.
Ami des poètes, il a illustré certaines éditions
originales de JM Barnaud, A. Borne, L. Dallant, H. Kréa, J.F. Manier
Guy MADEVERY
Guy MADEVERY est né à Montluçon en 1949, autodidacte et
très tôt intéressé par le dessin et les couleurs, ce besoin se transforme très
vite en passion qui deviendra une vocation. Les compositions de Cézanne
l’amènent à la découverte de Kandinsky jusqu’à l’œuvre des champs colorés de
Rothko. Un travail incessant lui permet de se libérer de cette fascination pour
orienter son travail sur la symbolique du carré et de la dématérialisation du
cube vers une autre considération interprétation de l’espace. Proche de Kasimir
Malevitch par ses formes géométriques, de Kandinsky pour la couleur ou Miro, ce
peintre, dessinateur, sculpteur, installé dans le sud de la France nous enchante dans
ses recherches et évolutions, toile de jute, encre de chine et acrylique,
superbes matières pour ses inspirations aux résultats magnifiques.
Matériaux employés : toile de jute, encre de chine et
acrylique
Pierre MARCHAND
Né à Paris en 1960, Pierre Marchand tient de son père,
menuisier-charron, son amour pour le travail du bois. Grâce à une formation très
poussée en ébénisterie, il va acquérir un savoir-faire qui lui permet, dans les
années 80, d’aborder en autodidacte une carrière artistique. Sa pratique
commence donc tout naturellement par la sculpture. Ce n’est que dix ans plus
tard qu’il abordera la peinture. L’œuvre de Pierre Marchand est inspirée
principalement par la nature et les questionnements qu’elle fait naître chez
l’homme d’aujourd’hui, qui en est de plus en plus dépossédé. Il se refuse dans
sa sculpture à utiliser du bois exotique. Son choix se porte sur les espèces
locales, sans jamais sacrifier un arbre : son matériau sera du bois tombé, sauvé
du coup de la destruction, et porteur d’un message par sa réincarnation en objet
artistique. Le travail de création devient ainsi le symbole d’une sorte de
réconciliation entre l’homme et son milieu naturel : un pas vers la
sagesse.
Claire MOREAU
Née à Paris en 1951. « Regardez, Les touchent vibrent
dans l’air gris ou bleu, c’est de la peinture, subtile, raffinée, à fleur de
toile, un tissu presque arachnéen de signes sensibles. Approchez-vous, ces
signes sont des lettres qui elles-mêmes sont des phrases, une écriture se
dessine, se déroule. D’un pinceau agile et transparent comme une aile de
papillon, Claire Moreau, à petits gestes précis et lents, l’œil vif aux aguets,
se saisit d’un texte – la
Genèse , l’Apocalypse, la règle de Saint-Benoît, les épitres de
Saint-Paul …, et en suit le tracé, le déchiffre, le désosse, le réécrit, lui
donne un autre contour, une autre lumière.
A partir de la lettre qui est son vrai support, son écorce, elle cherche
un rythme, mêle selon le texte sur lequel elle se concentre, le français, le
latin, le grec, le cyrillique, le braille même, et le prodige s’accomplit.
L’huile, l’aquarelle, la gouache ou l’encre jouent avec le vide et le plein et
les signes deviennent, strate après strate, une chair vivante, un scintillement
de molécules. Le graphisme absorbe l’espace et se fait image. Reculez-vous
maintenant et respirez : la page écrite devient tableau. » Pierre
Cabanne
Rémy PASTOR
Rémy Pastor a la veine picturale dilatée.
Son autodidactisme – mais peut-on dire d’un artiste qui a passé sa vie à
contempler et observer les œuvres des maîtres qu’il est autodidacte ? – se
double d’une créativité hors du commun. …. Les œuvres de Rémy Pastor ne proposent pas. Elles
s’imposent. Et elles en imposent. Elles affirment la réalité d’un monde
intérieur partagé entre une apparente naïveté et une redoutable maîtrise.
L’innocence alliée à la force donne un résultat sans ambiguïté, tout en
puissance et en sensualité. Devant elles, aucun doute n’est possible. Il y a un
superbe élan dans cette peinture-là.
Ce qui frappe
d’abord, c’est le parfait équilibre de la toile. Une composition incontestable, sans
à-coups, sans faille, sans la moindre trace de dérobade. Et puis les thèmes. Des
corps humains amplifiés, structurés jusqu’à la sculpture, qui se devancent, se
superposent, sortes de poupées russes athlétiques aux allures de bûcherons. Et
puis le trait qui va à l’essentiel, comme dans les dessins d’enfants. Comme dans
les peintures pariétales des grottes de Lascaux.
Chaque toile a
une histoire, secrète et cependant lumineuse. Le titre a valeur d’indice, de
révélation. Il n’y a qu’à suivre la voie qui est montrée et la peinture de Rémy
PASTOR éclate comme une évidence. Pas d’états d’âme inutiles, mais une grande
candeur, une simplicité qu’il est d’usage de qualifier de biblique. Et peut-être
bien qu’elle l’est. Il y a dans ce travail-là quelque chose qui rejoint la
grandeur archaïque et monumentale de l’épopée.
Josée BARNEIRAS
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