http://www.lesinrocks.com/2012/09/26/musique/concerts/on-y-etait-iggy-and-the-stooges-au-casino-de-paris-11308064/
Mardi soir, Iggy et ses Stooges donnaient un concert privé et marketé sur la scène du Casino de Paris. Idéal pour faire rentrer de l’argent dans les caisses… Et remplir généreusement notre boîte à souvenirs. On y était, on vous raconte.
Un concert privé des
Stooges sponsorisé par une marque de bière. Un petit millier de spectateurs triés sur le volet et une grande bannière “
Pression Live” (la caution rock de Kronenbourg) étendue d’un bout à l’autre de la scène. Si certains en doutaient encore, la réalité capitaliste a bel et bien rattrapé l’idéologie punk des 1970′s. Aucune surprise donc à retrouver le sourire éclatant de l’iguane pop accroché au logo d’un énième contrat publicitaire : il y a longtemps que le chanteur a pris l’habitude de se (re)faire les dents en rongeant la carotte lucrative des partenariats.
Ce mardi 25 septembre, en attendant l’idole, la salle impatiente étanche au malt et au houblon sa soif de nostalgie punk. Soudain, l’obscurité vient suspendre les goulées. Torse nu et bombé,
Iggy déboule sur scène en boxant ses pectoraux. Les accords de
Raw Power, résonnent sauvagement dans le Casino de Paris et le sexagénaire récompense l’extase du public de ses traditionnels bras d’honneurs introductifs. Déconneur.
Sans respiration, le groupe enchaîne à l’énergie
Search And Destroy et
Gimme Danger. Iggy, voix vieillie, aborde sans encombre les variations et les changements de rythme. Tantôt aigu, tantôt grave, à la fois suave et criard, l’organe d’
Iggy Pop gagne en profondeur et en couverture à mesure que les chansons s’égrènent. Guidés par les courses effrénées de l’animal, les premiers rangs tanguent dans un gauche/droite sec et nerveux. Sur
Shake Appeal, le public déborde sur scène pour encercler le chanteur et respirer sa sueur de plus près. Une vingtaine de spectateurs frénétiques pogote alors en rythme au son des cris stridents exclamés par l’iguane.
Non sans mal, la sécurité parvient à faire redescendre la jeunesse parisienne.
Iggy Pop en profite pour s’asperger d’eau avant de remonter le temps jusqu’en
1970. L’hymne crasseux de l’album
Fun House, aliène un peu plus les esprits. “I feel alright” martèle Iggy alors que la température monte d’un cran. Toujours vert, l’iguane s’envole dans la foulée pour un slam vertigineux et transpirant. Inquiétude pour le
roadie qui n’hésite pas une seconde et s’élance à sa rescousse. Alors que le chanteur vogue tranquillement dans la mer de bras tendus, son assistant dévoué s’écrase au sol dans l’indifférence.
Le concert continue de plus belle.
I Wanna Be Your Dog et
Open Up And Bleed coagulent la certitude d’assister à un moment d’exception. Sur scène, à rebours des considérations commerciales qui lui assurent une préretraite dorée,
Iggy Pop retrouve son instinct punk et ses provocations antérieures. Après une fin de concert précipitée dans un larsen assourdissant, les
Stooges reviennent de l’ombre pour laisser éclater
No Fun,
The Passenger et
Louie Louie à la gueule d’un parterre extatique. Les lumières se rallument.
Après une représentation bouillante et insouciante, Iggy se rappelle au bon souvenir de ses annonceurs : il saisit une canette, l’agite, et se douche avec la mousse de sa nouvelle bière préférée. Quelques postures sexuelles en guise de révérence et l’iguane peut disparaître en boitant, le cœur vide et les poches pleines. La silhouette un peu plus cambrée par le poids du paradoxe.